Il y a quelques semaines, j’ai participé, aux côtés du COSE, à une vidéo publiée sur la chaîne youtube La Tronche en Biais.
👉 Une expérience à la fois stimulante, inconfortable par moments, mais surtout cohérente avec le chemin professionnel que je poursuis depuis plusieurs années.
Cette vidéo, accessible librement en ligne, aborde des questions sensibles autour de l’ostéopathie :
ses fondements, ses dérives possibles, ses tensions internes, et sa place dans le champ plus large de la santé fondée sur les preuves.
Pourquoi accepter ce type d’invitation ?
Lorsque l’on exerce une profession régulièrement critiquée — parfois à juste titre, parfois de manière caricaturale — deux attitudes sont possibles :
- se replier,
- ou accepter le débat, avec ses risques et ses limites.
Ma participation à cette vidéo s’inscrit clairement dans la seconde option.
Non pas pour « défendre l’ostéopathie » comme un bloc homogène,
mais pour porter une voix située, critique, et engagée dans une démarche de clarification.
👉 Parler d’ostéopathie dans un espace public d’esprit critique, c’est accepter :
- de ne pas maîtriser entièrement le cadre,
- de voir ses propos discutés, contestés, parfois simplifiés,
- mais aussi de contribuer à sortir d’un dialogue en vase clos.
Le rôle du COSE : une parole collective, pas individuelle
Ma présence dans cette vidéo s’est faite dans le cadre du COSE, un collectif qui défend depuis plusieurs années une ostéopathie :
- fondée sur les données scientifiques disponibles,
- intégrée au système de santé,
- attentive aux enjeux éthiques, pédagogiques et sociopolitiques de la profession.
C’est un point important :
👉 il ne s’agissait pas d’une prise de parole personnelle isolée, mais d’une intervention collective, issue de discussions, de compromis, et parfois de désaccords internes.
Comme toute parole collective, elle est nécessairement imparfaite, mais elle a le mérite d’exister publiquement.
Ce que cette vidéo dit — et ne dit pas
La vidéo ne propose ni réquisitoire à charge, ni plaidoyer en faveur de l’ostéopathie.
Elle met plutôt en lumière :
- les ambiguïtés historiques de la profession,
- la coexistence de pratiques très hétérogènes,
- les tensions entre croyances, traditions et données scientifiques,
- les dérives possibles lorsque l’esprit critique est absent.
Mais elle ne dit pas tout.
Et surtout, elle ne peut pas rendre compte de la diversité des trajectoires professionnelles, ni des efforts quotidiens menés par de nombreux praticien·ne·s pour faire évoluer leurs pratiques.
Ce que cette expérience m’a confirmé
Cette participation a renforcé plusieurs convictions déjà présentes dans mon travail :
- 👉 le silence protège rarement une profession ;
- 👉 l’entre-soi entretient plus de confusions qu’il n’en résout ;
- 👉 la critique externe, même inconfortable, est souvent plus féconde que l’auto-validation permanente.
Elle m’a aussi rappelé que la vulgarisation critique fonctionne avec ses propres codes :
temps limité, simplification, montage, contraintes de format.
Autant d’éléments qui imposent humilité et prudence dans l’interprétation des échanges.
Une cohérence avec mon travail clinique et pédagogique
Cette démarche est pleinement cohérente avec ce que je tente de défendre au quotidien :
- en consultation, en évitant les discours alarmistes ou dogmatiques,
- en formation, en travaillant sur les effets contextuels, le placebo/nocebo, et la responsabilité des mots,
- dans mes projets éditoriaux, en assumant une ostéopathie modeste dans ses prétentions, mais exigeante dans ses méthodes.
👉 Participer à ce type de débat public, ce n’est pas renier sa profession.
C’est refuser de la sanctuariser.
Pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin
Je recommande évidemment de regarder la vidéo dans son intégralité, en gardant à l’esprit :
- qu’il s’agit d’un format de vulgarisation,
- qu’aucune vidéo ne peut résumer un champ professionnel aussi vaste,
- et que le désaccord fait partie intégrante du débat scientifique.
🎥 Voir la vidéo :
👉 https://www.youtube.com/watch?v=mcSbA36zSmM
En guise de conclusion provisoire
L’ostéopathie n’a pas besoin d’être sauvée par des discours héroïques.
Elle a besoin :
- de clarification,
- de régulation,
- d’humilité,
- et d’un dialogue exigeant avec le reste du champ de la santé.
Cette vidéo n’est qu’un épisode parmi d’autres.
Mais si elle permet de déplacer ne serait-ce qu’un peu les lignes du débat, alors le jeu en valait la chandelle.
